Ainsi je suis venue. Autobiographie d'une Indienne paiute
Traduit par Pauline Tardieu-Collinet
Anacharsis (coll. Famagouste), août 2022
Titre original : Life among the Piutes (1883)
ISBN : 9791027904372
Ce texte traduit pour la première fois en français était à sa parution la première autobiographie d'une Amérindienne à être publiée aux États-Unis. Le but de Sarah Winnemucca avec ce livre était de faire entendre la voix de son peuple, les Paiutes (ou Numa), auprès des citoyens de l'Est du pays notamment, où elle était allée plusieurs fois plaider leur cause. C'est aujourd'hui un document précieux, écrit directement en anglais par une femme qui a assisté aux premiers contacts de son peuple avec des colons d'origine européenne (Sarah Winnemucca est née dans le Nevada vers 1844).
Sarah Winnemucca a milité toute sa vie pour les droits de son peuple et dénoncé les violences, les injustices et les trahisons dont il était victime. Les Paiutes ont notamment été déplacés de réserve en réserve au cours de la vie de l'auteure, arrachés du Nevada pour finalement être emmenés jusque dans l'État actuel du Washington, tout au nord du pays. Sarah Winnemucca est aussi une figure controversée, en raison des compromis qu'elle a pu faire avec l'armée et le gouvernement américains.
J'ai rédigé mon mémoire de l'École de traduction littéraire (ETL) en 2022 sur cette traduction, que je venais d'achever. Que faire à la traduction des maladresses et des approximations de l'anglais de Sarah Winnemucca, qui sont des marqueurs de la situation politique et des rapports de force dans lesquels elle s'incrivait ?
Consulter des extraits du mémoire
"Première autobiographie écrite par une Amérindienne, Ainsi je suis venue fut sans doute lu, à sa parution en 1883, davantage comme un acte politique que comme la passionnante plongée dans la réalité des Paiute du Nord (Nevada), ou Numa ("le peuple"), selon leur propre mot, qu'il représente pour nous aujourd'hui. [...] Demeure, au bout du compte, un double témoignage: sur la vie des Numa et la puissance de leurs combats pour la dignité." (Florent Georgesco, Le Monde).
"Encouragée par des femmes libérales de la côte Est, [...] Sarah Winnemucca s’engage à partir de 1883 dans des tournées de conférences. Au fil des villes et des milieux philanthropiques, des féministes et des libéraux qui l’accueillent, elle défend la cause des Numa et des Indiens en général. Elle n’a de cesse de disséquer, exemples à l’appui, la politique destinée à les tuer sous prétexte de les civiliser. Son éloquence, sa parole non sectaire, claire et précise, disent une résistance à la fois intègre et pourtant toujours au bord du précipice de l’accommodement. Ces conférences sont devenues un livre, célébré comme la « première autobiographie d’une Indienne », en fait troublant réquisitoire contre l’assassinat d’un monde conquis. Un livre politique dépliant l’histoire aussi bien immédiate qu’ancestrale, rédigé par une femme dans le langage du conquérant. De quoi déranger et émouvoir." (Nelcya Delanoë, En attendant Nadeau)